Les origines du Mal [Unlimited]

Dans le passé...

La simulation a commencé depuis 273 minutes maintenant et le Projet X continue le combat sans montrer de signe de fatigue. Il est impressionnant. Aussi sophistiqué soit-elle, l’intelligence artificielle du calculateur Cray 15 qui génère des stimuli intellectuels et neuromusculaires pour lui ne produit rien d’autre qu’un exercice d’entretien. La réalité virtuelle n’offre d’ailleurs pas la saveur du monde réel : les perceptions sont fausses, les sentiments atténués, les évènements prévisibles… La simulation n’a pour but que de maintenir le Projet X en activité et sous contrôle jusqu’à sa prochaine mission.

274ème minute : quelque chose cloche soudain dans l’univers alternatif de la machine. Des millions de stimuli neuronaux contradictoires sont adressés au cerveau de la pauvre créature qui hurle de douleur alors qu'il grille littéralement sous la pression des informations de détresse du Cray 15. Puis le silence de la machine permet au projet X de remettre pied dans la réalité. Sa tête est enfermée dans le casque opaque de stimulation sensitif, son corps flotte dans le caisson d’isolation sensorielle et des centaines d’électrodes le relie aux instruments muets. Puis au calme succède instantanément la tempête. La cuve est projetée contre un mur et se disloque complètement sous la furie ravageuse des trombes d’eau qui dévaste le complexe militaro-indutriel. Le corps du projet X ricoche de paroi en paroi, comme une poupée désarticulée, dans les couloirs totalement inondés. Le casque de stimulation éclate contre un coin. Les chairs sont arrachées par les objets emportés par le courant, parfois jusqu’au squelette métallique. Les éléments déchaînés joue un long moment avec leur jouet.

Les eaux du lac retrouvent leur calme et le corps sans vie du Projet X est rejeté sur une berge. Il faut des heures avant que le facteur de guérison ne le ramène à une certaine forme de conscience très primitive, encore profondément marqué par le disfonctionnement du Cray 15.
Il est nu.
Il s’appuie sur ses mains pour sortir sa tête de la terre mouillée. Il est faible et d’abords incapables de se redresser. Il rampe instinctivement sur plusieurs mètres dans la neige jusqu’à l’abri du sous-bois. Il fait très froid mais il ne le sent pas. Peu à peu le flou de ses pensées se dissipe mais les informations arrive dans le désordre. Bientôt, il peut se mettre debout. Son corps récupère plus vite que son esprit. C’est une bête qui est aux commandes avec les priorités d’un animal : se nourrir, se mettre à l’abri… se défendre si nécessaire. Ses sens hyper développés lui ramènent des informations sur des kilomètres : des bruits et des odeurs d’animaux essentiellement mais aussi… de nombreux cadavres de ses tortionnaires. Alors surgit du fond de ses entrailles un vieux sentiment enfin libéré : La Colère !

Le projet X se déplace dans les bois avec l’aisance d’un loup, parfois sur ses 2 pieds, parfois à 4 pattes lorsque le relief le nécessite. Il est silencieux et se fond dans les ombres du terrain. Il ne laisse pas de trace qu’un homme puisse suivre.
Il a faim et il est en chasse. Son odorat exceptionnel le conduit sur la piste chaude d’un grand cerf. Il trouve ses traces imprimées dans le tapis forestier et progresse vers lui, sous le vent jusqu’à le surprendre au pied d’un petit escarpement. Il grimpe. Il se ramasse et bondit. Il attrape le cou de l’animal au vol et lui brise, d’un coup sûr, les vertèbres cervicales. L’odeur de la chair chaude le fait saliver quand surgissent de ses mains trois paires de longues griffes métalliques…

Le projet X vit dans les montagnes comme un primitif pendant plusieurs jours. Il s’est vêtu de peau de bête et se cache des patrouilles de soldat à la recherche de survivants du laboratoire d’Arme X.

Le facteur de guérison fait son œuvre et lui rend lentement l’accès aux implants mémoriels militaires qu’on lui a incorporé durant son conditionnement accélérée : techniques de survie, infiltration, art martiaux, armes à feu, sabotage, assassinat, contacts divers, caches d’arme, procédures…

Néanmoins des zones d’ombre persistent : son identité reste trouble, ses motivations sont versatiles, ses sentiments contradictoires…
C’est un souvenir en particulier qui le sort de sa torpeur… une mission en préparation… l’assassinat d’un mutant… Charles Xavier.

-> Suite